mercredi 16 mars 2016

Entretien de Monseigneur Fellay avec "Conflict Zone" - Troisième partie

Note du traducteur: l'anglais de Monseigneur Fellay étant souvent maladroit, nous avons voulu conserver ce style maladroit dans la traduction de ses propos.

La partie I est disponible ICI (avec la vidéo de tout l'entretien)
La partie II est disponible ICI

Partie III : L'autorite du pape et le Concile Vatican II

CZ : Monseigneur Fellay, le Canon 218 dans le code de droit canon, le connaissez-vous ?
MF : Dit comme cela, non.
CZ : Il fut autorisé par le Pape qui a donné son nom à votre organisation, Pie X. Laissez-moi vous rafraichir la mémoire sur ce qu’il dit à propos de l’autorité du Pape.  Il la définit comme la juridiction la plus suprême et la plus complète à travers l’Eglise, à la fois en termes de foi et de morale, et en ce qui concerne la discipline et le gouvernement de l’Eglise à travers le monde. Pourquoi donc remettez-vous publiquement en question l’autorité du Pape François?
MF : Ah mais voyez-vous, nous ne remettons pas en question l’autorité [du Pape], ce que nous remettons en question sont certains actes, faits avec plus ou moins d’autorité, jamais faits avec l’autorité la plus haute, donc des actes…
CZ : Vatican II dont vous remettez en question les réformes mises en place les années 60, vous les rejetez et elles engagent tous les catholiques, vous le savez bien, elles engagent tous les catholiques.
MF : Non, elles n’engagent pas les catholiques. Si vous regardez les documents du concile, même les évêques du concile ont demandé « Maintenant, dites-nous si ce concile est infaillible ou non ». Et une partie des documents du concile est une déclaration du Secrétaire du concile qui dit que est infaillible dans le concile ce que le concile déclare être infaillible. Et nulle part il ne fut dit qu’un document du Concile était infaillible. Bien sûr, est infaillible ce qui a déjà été déclaré infaillible dans le passé, ce qui est tout à fait normal, ce qui était un dogme dans le passé reste un dogme ; mais le concile lui-même n’a pas voulu engager [les catholiques] avec l’infaillibilité.
CZ : Vous avez dit, en octobre 2013, « la situation de l’Eglise est un vrai désastre, et le pape actuel rend les choses dix mille fois pires ! » Ceci est un immense manque de respect envers l’autorité de ce Pape, n’est-ce pas ?
MF : Cela a peut-être l’air de d’être un manque de respect, c’était seulement une déclaration.
CZ (d’un air outragé) : Monseigneur Fellay, bien sûr que c’est un manque de respect !!!
MF : C’est une déclaration. 
CZ : Vous l’appelez un désastre !!!
MF : Oui.
CZ : Contre vos propres règles qui disent que « la Fraternité Saint Pie X se soumet humblement à l’autorité du Pape et lui rend tout le respect dû à la tête de l’Eglise de Dieu, » et ensuite vous l’appelez un désastre !
MF : Oui.
CZ : Ce n’est pas rendre tout le respect dû à la tête de l’Église de Dieu, c’est une insulte, n’est-ce pas ?
MF : Non, ce n’est pas nécessairement une insulte. Et le pape…
CZ (interrompant): C’est du respect pour vous ? C’est une marque de respect pour vous de l’appeler un « désastre » ???
MF : Ce n’est pas une insulte, c’est certainement une expression de désaccord, oui.
CZ : C’est un peu plus que cela, n’est-ce pas ? « Il rend les choses dix mille fois pires » !
MF : Oui, bien sûr, c’est, disons, une expression rhétorique, je le reconnais.
CZ : Pensez-vous que Pie X aurait accepté une telle insubordination de la part d’un de ses évêques ?  Un évêque qui a été excommunie ? Il n’aurait pas accepté, n’est-ce pas ?
MF : Je remets en cause le mot « insubordination », parce que ce n’est pas de l’insubordination…
CZ : Un manque de respect. Un manque de respect.
MF : Oui, on peut dire que ce n’est pas la marque de respect le plus haut, mais lorsque je le rencontre je lui montre certainement mon respect, oui.
CZ : Et ensuite derrière son dos vous dites qu’il est un désastre.
MF : Non, non, pas derrière son dos, c’était vraiment…
CZ : Mais vous ne lui avez pas dit en personne, n’est-ce pas ?
MF : Non…
CZ : Alors c’est derrière son dos !
MF : Non, vous ne pouvez pas dire cela, parce qu’il le sait.
CZ : Mais on dirait vraiment, Monseigneur Fellay, que vous choisissez les aspects de la Tradition que vous aimez suivre.
MF : Donnez-moi un exemple.
CZ : Et bien je viens de vous en donner un : vous promettez de respecter la tête de l’Eglise de Dieu et ensuite vous le traitez de désastre. D’autres aspects de la Tradition, comme la messe tridentine, vous suivez. Donc vous choisissez quelles règles de l’Eglise vous appliquez et celles que vous choisissez d’ignorer.
MF : Non, non je ne suis pas d’accord avec vous. Parce que la raison sur laquelle je me base lorsque j’accepte quelque chose ou que je dis « là j’ai un problème », sont les enseignements de l’Eglise, pas mon opinion. Je me base sur ce que l’Eglise a enseigné à travers les siècles, dans le Magisterium, à travers les Papes. Et c’est pourquoi nous exposons aux autorités de Rome notre problème, nous leur disons "nous aimerions vous obéir, mais nous avons un problème de conscience parce que vous demandez le contraire de ce que vos prédécesseurs ont dit".
CZ : Et à ce moment-là votre humble soumission à l’autorité du Pape s’envole par la fenêtre.
MF : Non, je n’irai pas jusque-là. Il faut comprendre les mots : « humble soumission », a l’air, c’est vrai, très gentil, mais je pense que nous ne comportons pas différemment de tout autre catholique. Je ne crois pas que notre attitude ou notre opposition (?) envers le pape soit différente de celle de tout  autre catholique.
CZ : Vous ne croyez pas que c’est arrogant ?
MF : Non !
CZ : De votre part ?
MF : Je ne crois pas.
CZ : Vous n’avez pas la responsabilité de l’Eglise ?
MF : J’ai…
CZ (interrompant) : Vous n’avez pas la responsabilité du Vatican ? Vous et votre secte êtes apparemment  les seuls à connaitre le seul vrai chemin du christianisme? Et des centaines de millions d’hommes, cardinaux et le pape inclus, ne savent pas cela aussi bien que vous !
MF : C’est une belle caricature que vous venez de faire ! Nous sommes en pourparlers avec Rome, donc nous savons ce qu’ils pensent de nous. Et nous sommes en pourparlers en ce moment. Pas seulement en ce moment.
CZ : Vous êtes en pourparlers depuis des années avec Rome.
MF : Oui. Donc nous savons ce qu’ils pensent. Et ils ne disent pas ce que vous avez dit. Ils nous considèrent bien comme catholiques, pas comme une secte.
CZ : Vous avez été excommuniés.
MF : Oui, les 4 évêques.
CZ : Et ensuite l’excommunication a été retirée.
MF : Oui, c’est vrai.
CZ : Et l’excommunication est la sanction ultime de l’Eglise catholique, n’est-ce pas ?
MF : Euh, pour une personne oui, mais pas pour un groupe. Le groupe n’a jamais été sanctionné.
CZ : Vous aviez été prévenus que si vous alliez de l’avant avec les consécrations vous seriez excommuniés, n’est-ce pas ?
MF : Oui, c’est vrai.
CZ : Et pourtant vous l’avez fait quand même, et vous vous êtes opposés à l’Eglise.
MF : Oui.
CZ : Et vous ne vous repentez pas d’avoir fait cela ?
MF : Non, je ne crois pas!