mardi 1 mars 2016

Le problème moral de la reconnaissance unilatérale de la FSSPX par Rome





Intégration de la FSSPX dans l'Eglise officielle . Qu'en penser ?
Par Maunoir

D'ici quelques semaines, le pape François va probablement intégrer la FSSPX dans l'Eglise officielle sans que Mgr Fellay ne s'y oppose. Que faut il en penser? Est ce une grâce, un bienfait comme le dit Mgr de Galaretta à Bailly (17 janvier 2016) ou au contraire un piège qui va se refermer sur cette oeuvre?

Il faut d'abord constater que tous les accords passés entre les divers ralliés  et Rome, les ont peu à peu, conduits sans aucune exception à mettre la vérité et l’erreur à égalité. Ces accords les ont intégrés dans l’Église conciliaire avec leur charisme propre, avec leurs choix liturgiques, doctrinaux et spirituels, comme une légitime diversité au milieu des autres choix liturgiques, doctrinaux et spirituels que le modernisme a produit. En ce sens Jean-Paul II leur avait dit: «Les pasteurs et les fidèles doivent avoir une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat qui constitue la beauté de l’unité dans la variété : telle est la symphonie…» (Motu Proprio Ecclesia Dei Adflicta, 2 juillet 1988, n°5 a).

La Tradition, et donc toutes les vérités révélées par Notre Seigneur, la messe de toujours qui exprime la foi catholique, la loi de l’Évangile sont réduites au rang d’opinions et de tendances aussi valables que d’autres. C’est le pluralisme cher aux politiques d’aujourd’hui. Il n’y a qu’une chose qu’il exclut c’est la vérité en tant qu’elle oblige tout homme et condamne l’erreur.

Le mot et non seulement l’idée va être employé par les hommes d’Église.

En 2001, dans un interview donné à The Latin Mass, le cardinal Medina affirme : «Je suis conscient des sentiments de nombreux catholiques pour la sainte messe selon le rite de saint Pie V. (…) À une époque de l’histoire où le pluralisme jouit du droit de citoyenneté, pourquoi ne pas reconnaître le même droit à ceux qui souhaitent célébrer la liturgie selon la manière utilisée durant plus de quatre siècles ?»

Voyons comment ils expriment l’idée.

En octobre 1998, le pape Jean-Paul II recevait les ralliés venus célébrer leur dixième anniversaire à Rome : « J’encourage, dit-il, tous les catholiques à travailler pour l’unité et à renouveler leur attachement à l’Église de façon que toutes les différences légitimes et les diverses sensibilités dignes de respect, ne soient pas un motif de séparation mais de rassemblement pour proclamer ensemble l’Évangile; ainsi sous l’impulsion de l’Esprit réunissant les charismes variés, tous pourront glorifier le Seigneur… »

L’intégration est une question de confiance !

En 1999, la commission pontificale Ecclesia Dei écrivait à l’abbé Bisig, alors supérieur général de la Fraternité Saint Pierre, que ladite commission agissait « pour œuvrer à l’intégration des fidèles traditionalistes dans la réalité de l’Église. La racine des présentes difficultés semble être le manque de confiance dans la hiérarchie de l’Église à tous les niveaux, du Saint Siège aux évêques. Peut-être y a-t-il comme fondement de cette attitude un certain dédain, une certaine défiance de l’œuvre du second concile du Vatican. (…) Un tel manque de confiance a été à l’origine du schisme de Mgr Lefebvre et persiste encore. » (13 juillet 1999).
Pour réaliser ce pluralisme, il faut trouver un équilibre en dépassant les faux antagonismes que certains pourraient découvrir entre les différentes tendances présentes dans l’Église. Ce qui suppose de ne pas rester figé dans ses positions doctrinales. Les contacts d'abord discrets entre les supérieurs de la fsspx et la reconnaissance doit permettre de retrouver la confiance mutuelle.

Déjà en décembre 2000, le cardinal Castrillon Hoyos estimait qu’il fallait « trouver un point d’équilibre, pour dépasser le faux antagonisme que l’on veut créer entre les deux rites. » Parlant de la Fraternité Saint Pierre, il affirme que « douze ans après la fondation qui s’est faite en 1988, cette communauté s’efforce de trouver sa place dans l’ensemble de l’Église, à côté de tant d’autres congrégation aux finalités diverses. Dans la phase actuelle, je considère qu’il faut aider les membres de la Fraternité à maintenir l’équilibre entre l’interprétation authentique du charisme original, ses conséquences, et les conséquences de leur insertion dans la réalité ecclésiale de l’an 2000. » (La Nef, n°111, décembre 2000, p. 19).
Dans son discours à Cologne le 19 août 2005, Benoît XVI a parlé en faveur de l’œcuménisme selon l’esprit de Vatican II qui vise à établir l’unité des chrétiens. « Cette unité ne signifie pas ce qu’on pourrait appeler un œcuménisme de retour (qui signifie, selon Pie XI, Mortalium animos, pousser les non catholiques à entrer dans l’Église catholique, unique arche de salut) : c’est-à-dire renier et refuser sa propre histoire de foi. Absolument pas ! Cela ne signifie pas uniformité de toutes les expressions de la théologie et de la spiritualité, dans les formes liturgiques et dans la discipline. Unité dans la multiplicité et multiplicité dans l’unité. » Il termine en disant que « être en chemin ensemble est une forme d’unité ». (DICI n°120, p. 12) Ce qui revient à dire que l’unité n’est pas encore acquise, mais qu’elle est en perpétuel devenir. L’évolution encore !

C’est la pensée actuelle des évêques. On la retrouve dans les discours du cardinal Kasper : « L’unité conçue comme communion implique l’unité dans la diversité et la diversité dans l’unité. » (DICI n°125, p. 11).

Cette communion peut être plus ou moins grande : les orthodoxes, les protestants y ont leur place depuis le Concile. Pourquoi ne pas donner une place aux traditionalistes? Elle est proposée à la Fraternité Saint Pie X sous la forme de reconnaissance unilatérale.

Mais alors où est le « Que votre oui soit oui, que votre non soit non » ?

Et où sont les mots de saint Paul : « Qu’a de commun la lumière avec les ténèbres? Quel accord y a-t-il entre le Christ et Bélial? » ? (II Cor 6, 14).

Source: France Fidèle