samedi 9 septembre 2017

Un Allié Bienveillant ? – II

Kyrie eleison DXXX (9 septembre 2017)

Lisez, Votre Excellence ! et voyez ces bandits
Dans leur scélératesse et dans leur infamie !


L’année dernière, Mgr Athanase Schneider, évêque d’Astana, au Kazakhstan, donnait une interview à Adelante la Fe, où il se trouvait en accord sur de nombreux points avec la Tradition catholique et avec les positions prises par Mgr Lefebvre. À tel point que, dans les « Commentaires » 498, du 17 janvier 2017, nous nous demandions si l’on pouvait voir dans cet Évêque du Kazakhstan un véritable allié de la Fraternité saint Pie X.

En juillet de cette année, il autorisait la publication d’un article exprimant des vues encore plus catholiques et encore plus favorables à la Tradition. S’il n’était pas alors un véritable allié, le serait-il devenu ? Pour répondre à cette question, il faut distinguer : subjectivement, son cœur penche du bon côté, parce qu’il veut sauver les âmes en suivant fidèlement la Tradition inchangée, mais objectivement, son esprit n’a toujours pas tout compris, car il pense encore, ou dit penser, que l’intention originelle de Vatican II n’était pas de créer une nouvelle église. Mais, Excellence ! Notre-Seigneur n’a-t-Il pas dit : « Vous les reconnaîtrez par leurs fruits » ? Et quels furent les fruits de Vatican II ? La Néo-église !

Ainsi, dans cet article, Mgr Schneider énonce beaucoup de choses entièrement vraies sur la Tradition et sur la doctrine catholique. Par exemple (§ 6) : la Tradition est le critère permettant de juger toute doctrine ultérieure, et (§ 8) : en cas de doute provenant d’une ambiguïté ou d’une nouveauté, c’est la Tradition qui prévaut. Il y a des ambiguïtés et des nouveautés dans Vatican II (§ 10) qui sont en contradiction avec la Tradition, et « l’herméneutique de la continuité » ne suffit pas pour résoudre ces contradictions. Hélas (§ 19), depuis 50 ans une Nomenklatura (bureaucratie de style communiste) au sein de l’Église se sert des ambiguïtés d e Vatican II pour fausser l’intention originelle du Concile, et pour créer « une nouvelle église de nature relativiste et protestante ». Aujourd’hui (§ 20) c’est le comble lorsqu’on déclare « infaillibles »“ les formulations objectivement ambiguës du Concile et les textes qui s’écartent de la Tradition : toute discussion devient alors impossible. Cette « dogmatisation » du Concile doit cesser (§ 22) ; il faut entamer une discussion théologique, libre et ouverte, à laquelle (§ 24) une FSSPX reconnue canoniquement pourrait apporter sa précieuse contribution. Seule, la vraie doctrine est vraiment pastorale, et elle seule, selon la volonté de Dieu, sauve les âmes. Telle est la teneur de cet article de Mgr Schneider.

Pourtant, Excellence, d’où vient que vous soyez si sûr que l’intention originelle du Concile n’était pas de créer « une nouvelle église néo-protestante » ? Pensez-vous que ses ambiguïtés n’étaient pas calculées ? N’avez-vous pas lu, par exemple, le père Schillebeeckx avouant qu’on avait saupoudré de « bombes à retardement » les textes durant le Concile pour les actionner, celui-ci une fois terminé ? Peut-être beaucoup de Pères du Concile ont pu dire, après le Concile, comme l’Empereur d’Allemagne Guillaume II l’a dit après la première guerre mondiale : “Ich habe es nicht gewollt” ( Je n’ai pas voulu cela), et certes, les pères conciliaires n’étaient pas tous acquis à l’idée d’une néo-église, mais les “éléments moteurs”, eux, l’étaient bel et bien ! Comment pouvez-vous penser que la « nouvelle église », comme vous la nommez vous-même, soit sortie du Concile par l’effet d’un pur hasard ? Lisez des livres sur le Concile, tels que Le Rhin se jette dans le Tibre de Ralph Wiltgen : le Concile fut une lutte épique que les catholiques ont perdue.

Si véritablement cette Néo-église est le fruit d’une minorité conspiratrice qui attire à elle une masse de cardinaux, d’évêques, de prêtres et de laïcs qui passent trop de temps à regarder la télévision et ne prient pas assez, pensez-vous vraiment qu’une « discussion théologique libre et ouverte » va résoudre le problème ? Six mois avant sa mort, Mgr Lefebvre a déclaré que le véritable problème de Vatican II résidait moins même dans les grandes erreurs identifiables comme la liberté religieuse, la collégialité et l’œcuménisme, que dans un subjectivisme partout présent qui vide de toute sa force objective la doctrine catholique et qui en arrive à dissoudre l’Église elle-même. Et l’important n’est pas que Mgr Lefebvre l’ait dit ; l’important est de savoir si c’est vrai. Or, c’est là une vérité criante. L’esprit de l’homme moderne a été réduit en bouillie, d’abord par sa propre faute, mais aussi par l’action surtout des francs-maçons. Votre Excellence connaît-elle la franc-maçonnerie, ou pense-t-elle, comme tant de pauvres âmes ont fini par le croire, qu’il ne s’agit que d’une inoffensive organisation de bienfaisance, injustement calomniée ?

Entre 2009 et 2011, se sont tenues une demi-douzaine de sessions de « débats théologiques libres et ouverts » entre quatre théologiens romains et quatre membres de la FSSPX (avant la trahison du Chapitre général de 2012). Résultat ? un coup d’épée dans l’eau ! Menzingen a promis que le contenu des discussions serait publié. Nous attendons toujours. A la tête de la Fraternité Saint Pie X, pour plaire à Rome, on tient à faire passer aux oubliettes la doctrine que vous estimez tant vous-même, et Dieu sait si vous avez raison !

Kyrie eleison.